LA MAISON DE LA CULTURE
Ce spectacle créé en 2017, que nous avons repris récemment, résonne avec force aujourd’hui. Sur fond de dictature de Pinochet et propagande de masse pour détourner l’attention de toute une population, ce spectacle traite de la vie d’une femme chilienne issue d’un milieu populaire. Les violences systémiques perpétrées par le gouvernement de Pinochet s’immiscent jusqu’à l’intime des foyers,. La résistance de Rosa tire sa force dans la littérature d’auteurices, de peintres et de figures de femmes qui se sont battu.e.s pendant ses années de plomb.
Quand aujourd’hui nous regardons ce qu’il se passe dans ce pays situé entre le Mexique et le Canada, sur une montée débridée du fascisme, de la manipulation des médias et des réseaux, de la promotion d’une masculinité brutale et écrasante, l’art est un levier puissant d’action, de révélateur. Les nombreux échanges avec les scolaires que nous avons rencontré à l’issue des représentations ont montré à quel point l’art, comme forme d’expression du réel, de narration, de force symbolique, est primordial pour créer du lien et permettre ces débats.
Face à un monde désespérant, on se demande quoi faire. Comme les esclaves chantaient pour garder espoir, il faut se rappeler la puissance de l’art : une intensité de lignes de fuite. Ce que nous avons à faire aujourd’hui pour résister, c’est faire preuve de créativité culturelle. (…) Une œuvre d’art, si elle n’est pas directement dénonciatrice, peut déclencher, dans l’architecture de quelqu’un, des déflagrations esthétiques qui sont précieuses et peuvent augmenter la lucidité.
Patrick Chamoiseau